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La révélation aux autres : contrainte ou libération ?

  • Isa
  • 22 sept.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Ce qui semble évident pour certaines personnes, ne l'est pas forcément pour tous. Cette question a toujours été un sujet brumeux pour moi. Une rumination mentale entre partager aux autres l'intimité de ma personne ou la garder pour moi toute seule. Parce qu'il faut le dire, la souffrance en général ou les maladies sérieuses tel que le cancer touchent au plus intime de soi-même et le dire révèle parfois d'un exploit inavouable. Etymologiquement, le mot "cancer" veut dire "crabe". Le dire, c'est prendre le risque de "pincer" l'autre. Personnellement, je ne connais pas de crabe mignon qui me "veut du bien". Ça c'est seulement dans Bob l'éponge.... Dans la réalité, le mécanisme de défense du crabe c'est pincer fort. C'est cette sensation de "pincer" l'autre qui me rend hésitante à parler de moi-même, de mes souffrances. Suis-je prête à prendre le risque de blesser, de planter le coup de couteau? La réponse est clairement non. Cette lâcheté l'a remportée sur le bénéfice de la parole qui libère ne serait-ce qu'en apparence. Alors ça sera stratégie d'évitement pour ma part, mon mécanisme de défense préféré.


Dans le cadre de ma maladie, pour la petite histoire, lors du diagnostic du cancer du sein il y a quelques années, j'ai mis environ une année avant de le dire à ma famille proche. Il était absolument inconcevable et inacceptable pour moi de leur dire que je pouvais "mourir". Pourtant, ils sont loin d'être des bobets du village, ils le savent. J'en ai jamais douté. Parce que leur dire que j'ai un cancer, c'est une piqûre de rappel bien réelle et une confirmation de l'inéluctable. Imaginez-vous la pression induite par une telle révélation ? (pour revenir aux pinces du crabe). Cette pression galvaudée davantage par les injonctions notamment des vœux de fin d'années de "bonne santé" lors des repas de famille. Ce vœu de "bonne santé" qui laisse sous-entendre "ne meurs pas tout de suite!" ou plutôt "ne meurs pas avant moi, s'il-te-plaît!". Ça transpire quelques gouttes de sueurs...n'est-ce pas ? N'y-a-t-il pas un léger malaise là? Non? Ça fout bien "les boules" en tout cas. Que faire de ces vœux lorsqu'on a une santé fragile qui va plutôt vers le déclin ? Cette question, je me la suis posée bien des fois en arrière pensée.


Le mot "cancer" et tout ce qu'il représente a depuis longtemps été stigmatisé et bien encore trop souvent aujourd'hui. Je l'ai considéré bien longtemps comme une sentence, une punition, un échec, un traitre et le blâme final. Toutes les interprétations parfois "perchées" n'aident pas non plus à rendre la maladie facile à révéler. La culpabilité et la honte qui découlent de "j'ai le cancer parce que ......" ou bien encore "on m'a dit que j'avais le cancer parce que...." n'a rien arrangé à me sentir à l'aise jusqu'à présent. Vouloir à tout prix une explication à ce qu'il m'arrive ou écouter celle des autres parfois même non demandée est à double tranchant. Une aide que l'on pense précieuse au premier abord mais qui n'en est pas une concrètement. Au contraire, elle a renforcé ce sentiment de culpabilité et de pression sociale. Evidemment, la parole libère d'un poids certain mais n'enlève rien au fardeau de la maladie car il faut bien le dire, la maladie je la traverse bel et bien toute seule. Personne n'y peut rien. Alors vais-je emmerder les autres avec ça ? Ou en faire des alliés insoupçonnés ?


Bon allez Isa, redescends sur terre! Arrête de te poser tant de questions! Abandonne toute ces interprétations farfelues et plonge directement dedans. D'autres plongeront avec toi et c'est tant mieux, c'est la vie.


Sur ces belles paroles, je vais aller me mater "Bob l'éponge".


ree



 
 
 

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